C’est vrai, le 13 Mai ne sera pas
un vendredi, ce qui serait pire-dans les croyances superstitieuses des gens-.
Mais il n’y aura eu qu’un seul Mercredi, 13 Mai, dans l’histoire déterminante
du destin du Burundi. Ce ne sera sûrement pas une autre version de
« Arusha », mais ça y ressemblera, au-moins pour deux faits :
pour la première fois, on aura entendu la Cantique Nationale, le « Burundi
Bwacu », chantée dans plusieurs rues de Bujumbura, de « Bujumbura
rural », de Nairobi, d’Australie, de Suède, de la Belgique, de France, de
Londres, des USA, du Canada, etc. Dans les rues ! L’histoire reconnaîtra
que c’était, pour la première fois, au terme des 10 ans d’un mandat d’un Chef
d’Etat élu. Pour la première fois, on aura eu tant de proses, d’images, de
balais diplomatiques, etc., au/sur le Burundi. Normal, c’est au 21e
siècle. « Comment en est-on arrivé
là ? », posait une burundaise, sur son compte twitter.
Audace Machado
Un Bilan défaitiste,
déjà.
Très apeurée et confuse,
pouvions-nous interpréter la question de la burundaise. Celle qui ne s’exprime
que très rarement à travers les réseaux sociaux, de sa question, on comprendra
aussi que, comme elle était très loin de ses enfants –en voyage aux USA-, elle
ignorait ce qui guettait sa progéniture, ses amis, ses voisins, ses collègues,
etc., bref, ce qui enflammait et endeuillait la capitale de sa patrie. « Quinze vies humaines ont déjà péris, des
centaines de blessés, quatre véhicules brulés (…) », c’est le bilan
qu’on pouvait entendre, notamment, des bouches de deux hauts officiers,
Généraux : Le Ministre de la Défense Nationale et des Anciens Combattants
–en langue nationale- et du Ministre de la Sécurité Publique –en français-.
Les opinions bondissent de partout, disant que le Général de
l’armée a été piégé. « Comment a-t-il pu presque contredire ce
qu’il avait annoncé, une semaine avant ». C’était au samedi, 13e
journée de manifestations ayant paralysé la capitale Bujumbura, voire le pays
entier. De fait, si les deux hauts martiaux rassemblaient les médias locaux et
internationaux, c’était au nom du Conseil National de la Sécurité. Où est passé
le Général Bunyoni, nommé Secrétaire Exécutif dudit conseil ?
Manifestante in "Hands Up" |
Oui, l’histoire du monde se rappellera aussi des quelques
étrangers, et de loin, méconnaissant les enjeux et la réalité sur place, séduisant des médias en rechutant des « Le pays va très bien, à part quelques coins
de la capitale Bujumbura ». On ignorera que, dans ce petit pays des
Grands Lacs, Bujumbura est la « Capitale Nationale », dans tous les
sens et implications du concept. Dimanche, 10 Mai, pour la première fois, on
verra les femmes Burundaises envahir paisiblement le centre-ville de cette
capitale, scandant le « Nous voulons
la paix », et « Non au 3e
mandat de Nkurunziza ».
On ne bouffe plus/ ou jamais
du clergé
Bujumbura, le Dimanche 03 Mai, soit au huitième jour de « l’insurrection » -des mots de M. Dieudonné
Ndabarushimana, Ambassadeur du Burundi en France- ou du soulèvement populaire,
on apprendra partout que, un prêtre daigna demander à des militaires armés de kalachnikov
–gardes du corps d’un officiel du parti CNDD-FDD au pouvoir- de quitter
l’assemblée, lieu de la messe. Waouh ! Comment dans « un pays de paix, un paradis », pour
reprendre les dires de l’Ambassadeur à Paris, prie-t-on dans ces
conditions ? « Madame quand
vous marchez et vous fracassez les têtes des policiers, …, vous croyez que la
police Burundaise est une police sauvage tellement qu’elle peut tirer sans
provocation ? ».
Ce qui est sure, il faudra collecter et renforcer les
preuves.
Ce qui étonne plusieurs, sauf une séculaire Canadienne qui clame
connaitre le Burundi, c’est pourquoi Kamenge n’est pas ‘dans la danse’, en ces
moments. Un collègue rencontra à l’aéroport de Bujumbura celle qui a connu le
Burundi depuis les années 1970. Avant
leur vol, l’ancienne de lui révéler, « Kanyosha,
Nyakabiga, Kinama, etc., tous ces coins ont connu la guerre. Ce n’est pas une
question de niveau d’expérience pour le mal. C’est juste à cause, ou grâce au Général Adolphe ». Le collègue se tient bien pour écouter celle
qu’elle préjugeait d’hérétique. « Tu
sais, depuis longtemps, et c’est presque partout au monde, les hauts officiers
des armés ne sont pas autorisés à vivre dans les banlieues. Ceci s’explique
pour plusieurs raisons. Mais je comprends que, depuis que le CNDD-FDD est au pouvoir, Kamenge
n’abrite pas que ce genre de hauts gradées. De part votre métier, vous devriez
avoir été, si pas aux deux bars de Nshimirimana, au moins à l’un d’eux ».
Manifestants d'Ottawa / Canada |
Quand le reporter souri, la Canadienne
de compléter « sinon, avouez que
vous avez eu peur ». (Silence). Elle insiste, « Eh bien, oui, je comprends. Et figurez-vous
que si la réponse a votre peur ou méfiance, c’est de ne pas vous y intéresser,
eh bien, plusieurs des habitants de la commune eux réagissent en s’y rendant ».
Le reporter aura ajouté à la Canadienne, que le Général y a même un hôpital. « La Dame rigola, sans plus
de commentaire que, au revoir jeune homme ».
Rappelons que, « De
nos jours, au 21e siècle, les faits crient »,
comprendra-t-on le journaliste Muhozi,I., un jour ! Dans l’émission
télévisée –Le Débat-, ce n’est pas la réponse de l’animatrice Burggraff qu’on
aura, mais celle d’un opposant, Pancrace Cimpaye, insistant sur des « Crimes économiques, crimes de sang ».
La situation a tellement dégénéré : la Présidence du Rwanda voisin abrite
plus de 20 000 réfugiés Burundais. Le 8 Mai, la dite Présidence de la Gouvernance de Kigali sortait, dans un
twitter, « It is not just about 3rd
term. It is about delivery ». L’Eglise Catholique, les Nations Unies,
les USA, l’Union Européenne, etc., auront dit ce que le Président Zuma disait
–la nuit du 8 Mai (SABC) - « Président
Nkurunziza, vous ne devriez pas vous présenter aux élections de 2015, pour la
paix de votre patrie ».
La Procureur de la CPI, Bensouda, tenait à
annoncer, en personne, l’envoi de ses enquêteurs, au pays. La Belgique, la
Hollande et la Suisse seront les premiers à annoncer –lundi 11 Mai- la
suspension de leur aide budgétaire pour les élections -"Une estimation de 80%", selon la CENI-et la police. A rappeler
que la Belgique, ancienne métropole, est restée le parrain des projets du
Burundi.
« Tappahannock » /"Rappahannock" ou pas, ils seront plusieurs, le 13 Mai.
La Capitale Bujumbura reste paralysée. Plutôt, c’est le pays qui
est cerné. Comment en est-on arrivé là ? « Les manifestations éclatent au lendemain de la désignation du Président
Nkurunziza comme candidat du parti CNDD-FDD », débutait le communiqué lu
par les deux Généraux. Le Dimanche, 26 Avril, les radios indépendantes
rapportent faits sur faits de cette manifestation. La tentative de les
brouiller n’entrera en vigueur que le lundi 27 Avril, avec la fermeture de la
RPA.
Les radios Isanganiro et Bonesha Fm ne seront jusque
maintenant, que brouillées à l’intérieur du pays. Mais, on n’y échappe pas, la
peur couvre le pays. « On veut tuer des gens sans qu’on sache quoi
que ce soit », rythme-t-on, dans les rues. Les données de la police, des associations des
droits humains concordent, affichant plus de 600 personnes déjà arrêtés. Par
exemple, on ignore où se cachent les « frondeurs » -les anciens
proches de la Présidence qui ont déclaré être contre la nouvelle candidature du
Président Nkurunziza-.
Manifestante blessée et arrêtée a Buterere crie "Je vais être achevée, A Dieu" |
Au départ, on se rappellera des centaines de jeunes du parti
dirigeant- « Imbonerakure »-, collectés de tout le pays pour défiler
dans la capitale Bujumbura. La « Coalition of the Will », -ceux de
la mouvance présidentielle- elle, persiste et signe, « Nous devrions rester calme et attendre la sentence
des urnes ».
La suite parait visible : soit, le Président Nkurunziza
répondra à l’invitation de ses pairs de l’EAC –acheminée- par trois Ministres
des Affaires Etrangères. Et là, « Comme
la plupart des fois, la diplomatie ne résoudra rien» -selon un journaliste
dans l’émission « Afrique Presse »-. Ceci sera étonnant, vues les positions claires
prises par les Présidences des pays de ladite communauté. Et dans ce cas, on
aura, à moitié, répondu à la question du CSNU « Que connaissions-nous ».
Soit, le candidat Nkurunziza évitera de se rendre à
Dar-es-Salaam, et dans ce cas, comme il ne faut même pas en douter, la voix de
ses opposants – qui devraient s’y rendre aussi- ne fera pas qu’assourdir.