Même qui n’était pas là aura entendu du « bluff d’un 1er Juillet des années
1980 ». Oui, c’était au Burundi, sous le leadership de Bagaza, J.B. C’était
une question de créativité politico-militaire, de fierté nationale, de
marketing national, de jeux –de chiffres-, de diplomatie, etc. Mais encore et
surtout, d’endurance. Bref, le Proviseur Mobutu –et les multiples hôtes de la fête
nationale burundaise-, voyant défiler les guerriers du « Souverain »
Bagaza ; associant les quelques centaines et respectueuses troupes aux quelques
machines protectrices de la sobre et humble Nation, la diversité de couleurs et
d’autres trucs initiés pour l’occasion, Mobutu fit un recule dans sa décision d’attaquer
le Burundi. Tellement, ce fut une stratégie hautement pensée
et organisée et qui, par conséquent, suscita
de la peur, mais surtout, du respect, dans tous les sens du concept.
Je ne développe pas le « imaginez-vous », puisque
ce fut ainsi, une trentaine d’années après, et dans un autre cadre mais national
et internationalisé. Un concert, deux soirées successives. « Deux », parce
que tout le publique n’eut pas la chance d’entrer dans la salle de spectacle :
archicomble, le Vendredi 26 Septembre. « Deux » parce que « un »
concert des « Intatana » n’est jamais suffisant. Deux parce que c’est
des habitudes dudit club socioculturel.
Par contre, pour qui n’eut pas la chance d’être à Bujumbura
et au concert du weekend de fin Septembre, j’utiliserai le « imaginez-vous ».
Du nouveau. Imaginez-vous ces solides fistons du
pays, mixer le tambour sacré, flute, « amazina ». Vers la fin, s’y ajoutait
la basse de la guitare –le solo viendra après- et d’autres instruments de la
musique et de la danse traditionnels et modernes. D’habitude, ça ne se marie
pas. Par ailleurs, dans le respect des règles culturelles, ce ne fut qu’une des
scènes de la fin de la séance introductive, dominée par le tambour Burundais. C’était
clair, la soirée allait être chaude. Non, ça l’était déjà, dès le premier son
produit par le tambour leader : normal, plusieurs ont la chaire de poule.
Et puis, ces moments rares - dans un Burundi souffrant des séquelles des
massacres et autres inhumanités-, signifiaient
aussi le « oublions les malheurs ce
soir, et vivons », de Pascal, un des leaders du club « Intatana ».
Imaginez-vous ce mixage de la tradition et de la modernité,
jusqu’aux couleurs de la soirée. Nostalgie des valeurs et héritages de l’époque
royale. Imaginons ce qui se passait à la
Court Royale. Voyez les multiples instruments de la musique traditionnelle
Rundi/Rwandais, instruments de la cuisine de chez nous, arborant -et aux couleurs
nationales- les murs du devant de la scène. En fait, dans sa riche diversité, le
ce club « Intatana » s’est transformé en toute une entreprise. Ils ne
font plus que danser et chanter. Ils se spécialisent comme véhicules et
modernisateurs de la culture et la beauté du Burundi : quand Christine –une
des leaders du club- vous décore le lieu de fête traditionnelle, c’est à couper
le souffre.
Innovation, notais-je. Un événement prophétique.
Imaginez-vous ces donzelles qui entrèrent sur scène au saut de la corde.
Pourtant, c’était une danse traditionnelle. Quoi d’autres, avez-vous loupé ?
Des jeunes citadins, pour une grande part, des sportifs aux boucles d’oreille, je
veux dire certains de ces vaillants garçons. En outre, qui a choisi la coiffure
–unique- pour ces filles ? Particulièrement, imaginez-vous ce club pour
qui, le temps est à la fois sacré et insignifiant –surtout lors de la présentation-.
Demandons-nous par exemple, le temps qu’ils prennent pour apprendre toutes les
danses nationales. Et si chaque danse -scène- s’accompagne d’une couleur authentique,
imaginons-nous le rythme derrière la scène quand il faut changer de mascarade pour
la danse suivante. Eclair ! Pourtant, on ne trouve pas d’erreur de frappe,
une fois qu’ils/elles sont sur scène. Et puis, au style du concert de Sardou ou
autres professionnelles de la scène, ce
club est le seul, ou du moins le premier à ne pas perdre ou faire perdre le
temps, entre actes : les blabla sont remplacés par l’enchaînement direct. En
d’autres mots, ils/elles ne partent jamais. Ils/elles se croisent, sortant et
entrant sur scène. La question : savent-ils gigoter et tous, tous les pas
des diverses danses ? On irait directement, « oui ». En tout
cas, c’est le constat. Bien entendu, si tu observes bien, tu trouves des spécialisations.
Et puis, « innovation » et « endurance », disais-je. Comme Jésus marchant sur les eaux, ces gars marchaient sur « les arbres ». Enfin, certains suspendus plus haut que d’autres sur des longs bâtons aux couleurs nationales, et avancer au rythme du son de la musique et de la danse. Et puis, ce n’est pas que de la danse et des chants : ce sont des sujets bien précis de société, traités culturellement. On se moque des faits sociétaux déplacés, comme on loue les valeurs du cartel. Enfin, on étale des erreurs ou défis de la société : « Ibi bintu birazimvye bagabo. Ibi bintu biragumye. Muraduza gasekebuye mwibuka ko igihugu gikeneye inyubakwa ikwiye y’ibirori n’ibikorwa nk’ibi » (Cher public, ce genre d’activités est exigeant et cher. Quand le pays construit de ces belles maisons, pensons aussi à un centre assez vaste et propre aux événements comme ce spectacle). Ce qui est dit est dit ! Bizarre mais vrai, on ne voyait pas d’autorités étatiques à ce concert. Pourtant, il existe même un ministère chargé de la culture.
Un concert d’hommage : Oui, la danse et la musique
est probablement la meilleure industrie culturelle et demandant le don de soi
et l’esprit du groupe. Il se fait que trois membres du club
sont décédés récemment,
et ce fut le moment de se rappeler de ce que les disparus apportaient à l’équipe.
Quelle reconnaissance ! Ce club, connu
dans l’ensemble de l’EAC, en Afrique de l’Ouest jusqu’en Chine rendait hommage à des collègues à eux, « The Lion Story ».
C’est une autre notoriété qui s’impose, quand au rythme du « Ras-Tafari »,
la société lui lance « Respect ». D’ailleurs, il n’y a pas longtemps,
les deux clubs avaient fait un concert, du jamais vu au Burundi. Terminons par où
nous débutions : le bluff ! Ils sont combien ? Numériquement,
Claude-un jeune membre du club- me disait qu’ils sont autour de cent cinquante.
Mais leurs spectacles valent des centaines, côté humain. Non, au fond, en plein
spectacle, on ne sait jamais qui est « Intatana » et qui ne l’est
pas.
The Machado
Aristide Muco
(photos)
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